Essai documentaire et musical à partir d’un agenda retrouvé par hasard : l’année 1968 d’un vieux garçon, habitant à Montreuil, employé à l’Institut Géographique National. Entre télévision et échos étouffés d’une révolte, une réflexion sur l’ordre et le désordre.

Grand prix du Festival À Nous de Voir de Oullins 2011, Prix de la Création au Festival Traces de Vies 2012, Prix du Documentaire Historique au Rendez vous (de l’histoire) de Blois 2012, Étoile de la SCAM 2013.


MONISEUR M, 1968 d’Isabelle BERTELETTI et Laurent CIBIEN – 2011, France, 55′

Ce documentaire propose une réflexion sur l’ordre et le désordre, sur le temps et la modernité à partir des carnets de Monsieur M, un ouvrier cartographe qui, toute sa vie, a couché ses réflexions et consigné son quotidien sur le papier.
Durant l’année 1968, Monsieur M vit chez ses parents et travaille à l’Institut Géographique National. Les événements qui viennent ponctuer sa vie quotidienne et routinière sont décrits, sans passion ni sentiment, et illustrés par l’intermédiaire des annotations couchées sur un agenda acheté le 13 décembre 1967 : ses trajets, les plans et cartes sur lesquels il travaille, ses petites habitudes, la télévision, les grèves et manifestations de mai 68, son arrêt maladie, sa reprise du travail en juin, sa semaine de congé en juillet, etc.
Une vie bien réglée qui nous parle d’un temps d’avant. D’avant que tout se dérègle. Sous la mine du crayon à papier de Monsieur M, des échos de plus en plus forts d’une révolte en train de naître, d’un monde en train de changer, se font entendre.La narration des réflexions et observations de Monsieur M est ponctuée de nombreuses images d’archives et d’illustrations.

 » « Lorsqu’elle m’a donné à lire ses carnets, l’homme que j’y ai découvert m’a bouleversé, expli­que le documentariste Laurent Cibien. Dans l’agenda de 1968, la manifestation du 13 mai ou l’invasion de la Tchécoslovaquie cohabitent, sans aucune forme de hiérarchisation, avec les visites de sa mère chez le dentiste, la livraison d’un frigo et ses trajets entre Montreuil et Saint-Mandé, où il travaillait comme cartographe à l’IGN. L’individu qui s’y révèle est singulier par sa maniaquerie, tout en étant proche de nous. » Ne sommes-nous pas, nous-mêmes, prompts à pester contre une météo pluvieuse après que la radio nous a instruits des derniers malheurs du monde ? «On a tous quelque chose de Monsieur M », insiste Laurent Cibien, qui a réduit l’identité de son personnage-titre à une initiale, pour inciter le spectateur à retrouver un peu de soi en lui, malgré l’aliénation que révèlent ses carnets. La force du film tient à cette tension savamment entretenue entre l’exotique et le familier. » François Ekchajzer, Télérama